Claudine Lepage, Sénatrice des Français de l’étranger, répond au « petit journal »

CLAUDINE LEPAGE –  » Je regrette que des réformes aient été abandonnées »

Claudine Lepage, sénatrice des Français de l’étranger a été réélue le 28 septembre dernier pour un mandat de 6 ans. De passage au Cap, elle a accepté de répondre aux questions de lepetitjournal.com.

lepetitjournal.com: Le Parti socialiste vient de perdre le Sénat, qu’est-ce que ça va changer pour vous ?
Claudine Lepage : Attention, le Parti socialiste a perdu la présidence du Sénat. Pour ce qui est de la majorité, le PS n’avait déjà pas la majorité avant. Il avait dû s’allier avec trois 3 autres partis pour réussir à l’obtenir. Certains votes étaient parfois compliqués par ces alliances. Aujourd’hui, au moins, les choses sont plus claires. La droite a repris la présidence et la majorité au Sénat, ce qui va peut-être redonner une certaine liberté de parole aux élus socialistes.

Mais la droite ne pourra pas se servir du Sénat pour bloquer les réformes
Non, en effet. Avec la navette législative, c’est l’Assemblée nationale qui a toujours le dernier mot. Ce qui pousse certains à dire qu’il faudrait supprimer le Sénat au motif qu’il ne servirait à rien. Mais je ne suis pas d’accord avec cette vision des choses. Au contraire. Le Sénat est utile car lorsque les textes arrivent de l’Assemblée nationale, nous les amendons parfois en profondeur et ces modifications sont souvent conservées par les députés. Les sénateurs ont un vrai rôle de réflexion.

Avec le remaniement du gouvernement on a vu les frondeurs s’afficher ouvertement. Dernièrement, la presse titrait sur les désaccords entre le Premier ministre qui pousserait aux réformes et le président qui souhaiterait faire une pause. Comment vous situez vous dans ces différents courants ?
Depuis le départ, je suis dans une position de soutien au gouvernement. Mais je regrette quand même que certaines réformes aient été abandonnées.
La réforme fiscale voulue par le précédent Premier ministre, Jean-Marc Ayrault me semblait vraiment importante. Aujourd’hui, le système fiscal français est injuste. Il y a trop de niches fiscales et certains s’en servent à leur avantage. Il faudrait tout remettre à plat.
De plus, je pense que le prélèvement de l’impôt à la source serait plus transparent pour les français. C’est parfois difficile de payer ses impôts quand on est juste toute l’année.
En Allemagne, où j’ai longtemps vécu, les impôts sont prélevés à la source et si les Allemands ont parfois l’impression d’avoir moins à la fin du mois, c’est en fait beaucoup plus clair. Et le salaire touché net d’impôt et de cotisations sociales est de l’argent disponible.

Quelles autres réformes auriez vous voulu voir aboutir ?
J’aurais voulu que des débats s’ouvrent d’avantage, sans forcément aboutir sur des réformes. Il me semble important que le débat sur la fin de vie ait bien lieu.
J’aimerai aussi qu’on puisse discuter ouvertement de la PMA et de la GPA sans crispation. La réaction au mariage pour tous et surtout aux ABCD de l’égalité montre un certain conservatisme de la France que je ne soupçonnais pas. Je trouve qu’il ne faut pas avoir peur de lancer un débat, même s’il ne débouche sur aucune réforme. Peut-être pourra-t-il au moins faire évoluer les mentalités.
Enfin, je trouve qu’il serait bien d’introduire plus de langues plus tôt dans l’enseignement. C’est également un débat qu’on devrait avoir.
Je rencontre des jeunes issus de l’immigration qui semblent un peu perdus. Si on leur proposait d’apprendre leur langue d’origine, l’arabe ou le mandarin par exemple, ils se sentiraient alors mieux accueillis et plus à leur place dans la société.
En Allemagne, les écoles proposent des cours de turc ou de grec le samedi matin, c’est très bien accepté et ça permet à ces populations de se sentir mieux acceptées dans la société.

Marie Dumoulin (www.lepetitjournal.com/lecap.html) lundi 20 octobre 2014lepage_claudine

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